Le siège de l’Université en état de siège
Vendredi dernier, le 7 avril 2023, des étudiant·es mobilisé·es contre la réforme des retraites ont tenté d’occuper le siège de l’Université de Lille, rue Paul Duez.
Cette tentative avait pour objectif de discuter avec le président de l’université d’une adaptation des examens à travers l’obtention d’une note palier dit « 10 améliorable » pour tous les examens de ce semestre.
Après plusieurs rendez-vous infructueux entre le président de l’Université de Lille, l’intersyndicale des personnel.les et étudiant.es et les étudiant.es occupant.es le théâtre des passerelles du campus universitaire de Pont de Bois ; l’occupation du siège de l’Université était l’un des derniers recours des étudiant.es pour se faire entendre.
Cette demande du 10 améliorable, pourtant assez minimale, se fait dans un contexte de mobilisation nationale contre la réforme des retraites qui dure depuis plusieurs mois. La grève, la participation aux manifestations, mais aussi le passage de certains enseignements en distanciel ont eu pour conséquence un second semestre qui ne s’est pas déroulé de manière habituelle. Par ailleurs, le conseil d’administration de l’Université, dans sa motion du 9 février, a affirmé qu’il était important de permettre la mobilisation en dispensant les étudiant.es d’assiduité et en interdisant le passage à l’enseignement distanciel et les examens les journées nationales de mobilisation. Accepter que les étudiant.es puissent valider leur semestre avec une note minimale améliorable va dans ce sens et leur permettrait d’envisager sereinement leur participation au mouvement social sans les pénaliser dans leurs études. Tout cela en garantissant une égalité entre étudiant·es, mobilisé·es ou non.
Après une négociation imposée par les occupant·es, Régis Bordet a simplement quitté le siège de l’Université, estimant la discussion terminée. Plutôt que de répondre aux demandes légitimes des étudiant·es, ce dernier a préféré appeler les forces de l’ordre qui ont pénétrées dans l’enceinte du bâtiment pour en expulser par la force et la violence les étudiant·es. Les personnes venues en soutien devant le bâtiment ont vu leurs identités contrôlées pour fichage ultérieur et les personnels dans les locaux ont également été évacué·es. Une représentation de théâtre sur les violences d’État qui devait se tenir au théâtre universitaire l’Antre 2, jouxtant le siège, a été annulée.
La direction de l’université tente d’instrumentaliser les personnels présent lors de l’occupation en cherchant à leur faire dire que des violences ont eu lieu à leurs encontres de la part des étudiant·es, ce qui est complètement faux. Afin d’anticiper l’instrumentalisation des personnels par la présidence, nous souhaitons poser deux questions :
Quel est le danger supposé nécessitant d’évacuer les personnels et d’annuler une pièce prévue
de longue date ?
Quelle violence, là encore, de la part des étudiant·es nécessitait l’intervention de la police contre ces dernièr·es, dans les locaux de l’Université ?
Nous rappelons que la franchise universitaire ne permet à la police d’intervenir que sur demande du président de l’Université, sauf « flagrant délit ». Faire intervenir la police sur nos campus n’est pas anodin et si violence il y a, elle est dans ce recours aux forces de l’ordre contre des étudiant·es venu·es négocier, alors même que l’on sait aujourd’hui que celles-ci commettent des atrocités - dénoncés récemment par l’ONU, Amnesty international et la Ligue des Droits de l’Homme - régulièrement contre celles et ceux qui ne se résignent pas à l’ordre établi. Les étudiant·es ont leur place dans les locaux de l’Université, pas la police !
Par ailleurs, le président de l’université n’a pas répondu à la pétition signée par des centaines de personnels de l’Université réclamant l’arrêt des violences policières, particulièrement graves contre les étudiant·es, lors des manifestations Lilloises.
SUD éducation Université de Lille
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