CAPA des certifié·e·s - recours PPCR le 3 mai 2022

La CAPA des certifié·e·s s’est réunie le mardi 3 mai 2022, pour un recours PPCR suite à un rendez-vous de carrière qui s’est déroulé dans des conditions particulières.

Deux situations avaient indigné les représentant·e·s des personnels lors de la CAPA des certifié·e·s consacrée aux recours après la formulation les avis finaux par Mme la rectrice, sur la carrière des collègues dans le cadre du PPCR. En effet, les appréciations des deux chef·fe·s d’établissement contenaient des éléments particulièrement contestables au sujet de ces collègues femmes, dont des reproches à propos du congé-maternité.
 Voir le compte rendu et la déclaration de SUD éducation 59/62 à la CAPA des certifié·e·s consacrée aux recours PPCR 2021 en janvier 2022

L’Union SUD éducation 59/62 de l’académie de Lille a régulièrement dénoncé l’arbitraire et l’opacité du protocole d’évaluation, réclamé les grilles dévaluation, et revendiqué la fin des inspections et une progression de carrière accélérée pour toutes et tous.

À l’occasion de cette réunion, SUD éducation 59/62 a fait une déclaration, comme les autres organisations représentant les personnels, pour s’étonner que la rectrice n’ait pas donné suite au recours de l’une des collègues, malgré un courrier unitaire de l’intersyndicale pour la soutenir, et demander fermement que cela ne se passe pas de la même façon pour la seconde collègue : étant donnée l’attitude discriminatoire du chef d’établissement et à une autre irrégularité, nous avons demandé que l’avis final passe à Excellent. SUD éducation 59/62 a également utilisé cette déclaration pour relayer des questions confiées par des personnels de plusieurs catégories.

Cette CAPA se tenait alors que le contexte dans l’Éducation nationale est très difficile, avec de très mauvaises conditions de travail notamment dans l’académie, que la hiérarchie ne prend pas du tout en compte. Les réformes Blanquer transforment le service public d’éducation en École du tri social pour fournir de la « ressource humaine » au « marché du travail », sans objectif d’émancipation des élèves ; l’organisation de L’École, de la maternelle à l’université, est contaminée par la concurrence entre les personnes comme entre les établissements, conformément à l’idéologie néo-libérale, avec, nécessité pour forcer cette évaluation, un autoritarisme galopant. La hiérarchie est renforcée, et trouve tout à fait naturel de ne pas avoir à rendre de compte.

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Après les déclarations, Mme la directrice des ressources humaines a apporté quelques éléments de réponse à certaines des questions des syndicats. Mais pas à toutes…

Elle a ainsi catégoriquement refusé que soit étudié la situation de l’autre collègue concernée par une évaluation dysfonctionnelle, et de revenir sur l’avis final inchangé de la rectrice. Elle a également refusé de revenir sur les questions dites de « politique nationale », qui pourtant questionnent l’implication de la hiérarchie dans leur application.

Aucune réponse n’a été donnée concernant la Cité administrative. Pour les ruptures conventionnelles, les réponses se trouveraient dans l’ "enquête sociale académique", SUD éducation 59/62 sollicitera des précisions, à suivre... (voir notre déclaration ci-dessus).

Concernant les conditions de travail, les niveaux de rémunération et la faible reconnaissance par l’administration de l’implication des personnels, elle a affirmé, sans rire, que le rectorat de l’académie de Lille menait une « politique d’attractivité » (sic). SUD éducation 59/62 se demande vraiment quel est le sens de cette intervention : mauvais humour, mensonge-réflexe, ou déconnexion de la réalité ?

Concernant les situations des collègues, les représentant·e·s des personnels ont pu apprendre, après avoir fortement insisté, que le rectorat avait donné suite à la demande formulée à la CAPA précédente par les organisations syndicales, qu’une mise au point soit faite avec les chef·fe·s d’établissements : ils ont été en effet « rencontrés ».

Le corps d’inspection s’est quant à lui indigné que SUD éducation 59/62 lui demande des comptes sur sa méthode d’évaluation ou sur la grille qu’il applique : le doyen avait pourtant affirmé que les évaluations par les inspecteurs/trices répondaient à une grille très précise, ce qui est pourtant en contradiction flagrante avec ce que les représentant·e·s des personnels observent dans les notices d’évaluation des IPR qui sont présentées en CAPA de recours PPCR. Sans doute la précision de l’évaluation par les IPR est-elle une telle horlogerie que les yeux profanes « de la base » ne sauraient la déceler, ou mériter de l’observer… On observe à nouveau à quelle altitude le corps d’inspection se place par rapport aux personnels… D’ailleurs, l’aigle explique-il son glatissement aux simples mammifères terrestres ?

Néanmoins, nous avons quand même appris qu’un travail « était amorcé » avec le corps d’inspection et les chef·fe·s d’établissement pour « réfléchir aux écrits professionnels » : donc, si on résume, il n’y a aucun problème, c’est transparent et on ne communique rien, c’est tout à fait clair et juste et un travail est en cours pour réfléchir aux évaluations. Quelle conscience professionnelle, quelle rigueur, quel souci de l’équité entre personnels, pour un protocole d’évaluation en vigueur depuis 2018 !

SUD éducation 59/62 n’a pu que faire état de la défiance des collègues par rapport au PPCR ; d’autres organisations syndicales ont dénoncé la suspicion des collègues sur l’évaluation, y compris si elles avaient soutenu la mise en place du PPCR ; enfin, deux organisations syndicales, qui chantent régulièrement les louanges du PPCR (Sgen-CFDT et UNSA), ont même regretté que les « dysfonctionnements » sont un risque pour ce protocole dont elles ont soutenu la mise en place.

Enfin, la directrice des ressources humaines est revenue sur la lutte contre la discrimination femmes/hommes dans l’académie, et a annoncé la mise en place d’une « cellule d’écoute sur les violences sexuelles et sexistes »… en restant muette sur les sanctions prévues pour les membres de la hiérarchie qui ont des comportements condamnables, malgré les situations dont les organisations syndicales peuvent avoir connaissance (lire l’article de SUD éducation Nord).

Les représentant·e·s des personnels ont cependant obtenu la requalification en Excellent de l’avis final de la collègue discriminée. L’union déterminée des syndicats a permis une prise de conscience rectorale.


 La déclaration de SUD éducation 59/62 à la CAPA du 3 mai 2022
 Le compte rendu et la déclaration de SUD éducation 59/62 à la CAPA du 18 janvier 2022
 VSST dans l’académie, le rectorat met en place une cellule d’écoute