Surcroît de travail et explosion des inégalités scolaires : nous exigeons des créations massives de postes !

(actualisé le )

Le ministère de l’Éducation nationale multiplie les annonces, mais en réalité, comment des examens, même en contrôle continu, pourraient-ils être maintenus ? La même question se pose à l’université. Nos élèves et étudiant·e·s ont subi assez « d’épreuves » et le te tri social explose. Il faut se rendre à l’évidence, laisser de côté les croyances simplistes et faire preuve d’humanité. La seule façon de tenir compte de l’implication des personnels, de ce qu’a subi cette génération et de remédier à l’explosion des inégalités scolaires, c’est de créer massivement des postes de toutes catégories dans tous les degrés du service public d’éducation.

Alors qu’au fil des années, de nombreux postes sont supprimés dans toutes les catégories et pour tous les degrés, et tout particulièrement dans l’académie de Lille, la situation exceptionnelle que nous vivons pourrait devenir catastrophique de la maternelle à l’université si des mesures drastiques ne sont pas prises.

Nous avons déjà constaté au quotidien les conséquences de suppressions de postes successives, qui ont dégradé les conditions de travail des personnels comme des élèves, avec un surcroît de tâches administratives ou pédagogiques, et des effectifs pléthoriques dans les classes.

Avec le confinement ou le maintien d’un lien pédagogique à distance avec les élèves (la désormais fameuse et mensongère « continuité pédagogique » d’un ministre coupé des réalités), nous constatons déjà, parmi les conséquences délétères - et cela sera confirmé à notre retour dans les services, écoles, établissements et université (pas forcément si proche, malheureusement) :

  • un retard inévitable dans les procédures administratives concernant la gestion quotidienne de l’académie et la situation des personnels ;
  • un retard inévitable dans les calendriers des établissements et universités ;
  • un décrochage scolaire partiel ou total d’un nombre non négligeable d’élèves ;
  • l’accentuation considérable des inégalités scolaires.

SUD éducation Nord a alerté très tôt sur l’accroissement des inégalités et l’impossibilité effective de la prétendue « continuité pédagogique », qui n’est pas seulement une conséquence de l’impréparation ministérielle mais bien inhérente à un enseignement numérique à distance. Au-delà de la sécurité physique et psychologique des personnels et des élèves, l’urgence sanitaire a également des conséquences sur l’organisation du travail, et l’école du tri social prend une tournure démesurée.

La majorité des organisations syndicales en est aussi consciente, ce qui a permis une première action unitaire dans l’académie pour les conditions de travail de tous les personnels et les autres aspects de la situation. Lors de la visio-audience avec le rectorat, ce dernier a semblé entendre et valider l’argumentaire de l’intersyndicale. Reste qu’aucune réponse satisfaisante n’a été donnée concernant la future (mais pas si proche) reprise du travail en établissements.

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SUD éducation et le SUNDEP-Solidaires ont revendiqué à cette occasion de surseoir à la carte scolaire prévue et des créations massives de postes de la maternelle à l’université : seule une décharge de travail pour les personnels et des effectifs très réduits pour les classes peuvent permettre de remédier à toutes les conséquences délétères pour l’Éducation de cette catastrophe sanitaire.

SUD éducation Nord revendique également la validation de tous les examens pour tou·te·s les élèves et étudiant·e·s concerné·e·s, l’annulation de l’épreuve anticipée de français, ni contrôle continu remplaçant l’écrit, ni épreuve orale (avec un mécanisme adéquat pour l’année suivante), et l’arrêt de Parcoursup avec la possibilité pour chaque élève de terminale de s’inscrire dans la filière de son choix.

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C’est la seule façon possible de ne pas accentuer les inégalités, de ne pas créer de situation injuste et de tenir compte avec humanité des situations personnelles dramatiques qui peuvent avoir été vécues par certain·e·s de nos élèves et étudiant·e·s.

Cependant, lors de l’audience et au sujet de notre revendication concernant les postes, la rectrice nous a alors opposé une fin de non-recevoir, au nom d’une prétendue solidarité avec l’hôpital. Ce prétexte ne manque pas de culot !

En effet, ce prétexte fait fi de nos mobilisations interprofessionnelles pour la santé (et l’écologie) depuis bien plus d’un an, des coupes sombres dans les budgets des services publics ces dernières années, du détournement d’argent public au profit du capitalisme via le CICE, de la fin de l’ISF, ou même de l’implication impressionnante des personnels pour maintenir un lien avec les élèves et étudiant·e·s.

Or dans ces circonstances se tiennent des Comités techniques académiques (CTA) et des Comités techniques spéciaux départementaux (CTSD) pour décider des ouvertures et fermetures de postes.

L’intersyndicale nationale de l’éducation note que le président de la république a lui-même reconnu la nécessité, dans le contexte actuel, de « changer de logiciel », et qu’il fallait revoir « les opérations d’ouvertures et de fermetures de classes ». Elle prend acte de la dotation supplémentaire de 1 248 postes dans le premier degré.

Dans ce cadre intersyndical, relayant ainsi notamment la revendication de SUD éducation Nord il y a quelques jours, la fédération des syndicats SUD éducation participe à la mobilisation de l’intersyndicale nationale pour obtenir les moyens supplémentaires dont toute l’Éducation nationale a besoin dans la situation que nous vivons. Les moyens budgétaires de la rentrée 2020 doivent être revus à la hausse dans toutes les académies, pour toutes les catégories de personnels et de la maternelle à l’université, de façon que les suppressions de postes initialement prévues soient annulées, et que des créations à la hauteur de la situation soient effectuées.

L’intersyndicale nationale de l’éducation FSU – FNEC-FP-FO – CGT Educ’action – SNALC – SUD éducation – FAEN a adressé un courrier au ministère de l’éducation pour demander que toutes les dotations soient réévaluées dans ce sens.

 Courrier de l’intersyndicale nationale de l’éducation à propos des postes (8/04/20)

La fédération des syndicats SUD éducation a publié plusieurs communiqués pour revendiquer des créations de postes partout à hauteur des besoins.

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