La rentrée de l’Education et de l’interpro

(actualisé le )


Une rentrée anxiogène... du fait de la négligence de notre hiérarchie, à commencer par le Ministère.

A l’heure où nous écrivons ces lignes, quelques jours avant la rentrée, l’épidémie de Covid-19 est encore active et connaît même un regain. Les solutions mises en place pour limiter la contamination sont nécessaires mais vont s’avérer difficiles voire impossibles à appliquer dans l’Éducation nationale pour la rentrée. Cela expose les personnels et usager·e·s à des risques sérieux de contamination, et l’Éducation nationale à devenir le premier cluster du pays.

En effet, les politiques éducatives que SUD éducation Nord combat depuis des années ne pourront que favoriser la propagation du Covid-19 :

  • dans les lycées, des classes exiguës qui ne sont pas, en majorité, prévues pour accueillir plus de 30 élèves, alors que les effectifs peuvent atteindre jusqu’à 38 élèves par classe !
  • des salles mal aérées, dotées de fenêtre « anti-suicide » qui ne peuvent s’ouvrir de plus de 12 cm, sans parler de la vétusté de certains locaux – des conditions parfaites pour le développement du virus ;
  • des personnels de santé et éducatifs en nombre insuffisant : quand certain·e·s tomberont malades ou seront en quatorzaine, personne ne les remplacera. La faute à une absence de recrutement choisie par le Ministère pour de mauvaises raisons budgétaires ;
  • dans les écoles primaires et maternelles, des enfants ne sont pas en capacité de respecter les gestes barrières ainsi que le port du masque, les effectifs et les conditions doivent donc être adaptés ;
  • des agent·e·s territoriaux (cantines, entretien et nettoyage des établissements...) en nombre très insuffisant aussi – pour les mêmes mauvaises raisons de suppression de postes – à qui on va pourtant demander encore plus de travail pour la désinfection des locaux…

Bref, notre hiérarchie va nous exposer à une contamination inévitable dans les conditions actuelles, et le Ministère doit s’apprêter à être responsable de l’hospitalisation voire du décès des collègues les plus vulnérables, dont on sait aujourd’hui qu’ils et elles ne bénéficieront d’aucune mesure particulière de protection. En effet, depuis le début du mois de juillet, il n’a publié qu’un protocole insuffisant et vague dont le contenu se résume surtout à parier sur un retour à la normale : hypothèse totalement démentie aujourd’hui par les faits et la communauté scientifique.

Dès la rentrée, relevons tous les dysfonctionnements et risques auxquels nous exposeront les lacunes de notre hiérarchie. Organisons-nous collectivement dès maintenant !

Rappelons aux chef·fe·s (DASEN, principaux/ales, proviseur·e·s, inspecteurs/trices de circonscription, chef·fe·s de service) leurs responsabilité et obligations en matière de santé et de protection de l’intégrité physique et psychologique des personnels. Comme il est écrit dans le Code de l’éducation : « En qualité de représentant de l’État au sein de l’établissement, le chef d’établissement : prend toutes dispositions, en liaison avec les autorités administratives compétentes, pour assurer la sécurité des personnes et des biens, l’hygiène et la salubrité de l’établissement » (Art. R421-10-3). On pourra aussi rappeler cet article de la loi sur les droits et obligations des fonctionnaires (Art. 23) qui précise que « Des conditions d’hygiène et de sécurité de nature à préserver leur santé et leur intégrité physique sont assurées aux fonctionnaires durant leur travail. »

Utilisons aussi le registre de santé et sécurité au travail (RSST), un cahier qui doit être accessible à tous les personnels dans un lieu neutre. On peut y consigner précisément (datées, situées, etc.) des situations où on se sent mis en danger. La direction doit obligatoirement apporter une réponse via la réunion d’un CHS (comité d’hygiène et de sécurité) pour lequel les personnels ont élu des représentant·e·s. L’affaire peut aussi être portée au niveau académique en saisissant le CHSCT (conditions de travail) où des syndicats rencontrent le rectorat. Exigeons le RSST et utilisons-le en cas de danger !

SUD éducation réclame l’aménagement de nos conditions de travail et leur adaptation à la situation de crise, en concertation totale avec les premier·e·s concerné·e·s, les personnels : aménagement des emplois du temps, allégement des effectifs et leur répartition en groupes et tout ce qui pourra assurer la sécurité des personnes, élèves comme personnels.

Nous exigeons la fourniture gratuite et en nombre suffisant de masques de qualité (c’est-à-dire différents de ceux fournis par l’Éducation nationale pour l’instant !), des FFP2 semblant les plus indiqués, ainsi que de flacons de gel hydroalcoolique pour tous les personnels, en plus de ceux disposés dans les lieux communs.

Nous défendrons les personnels par tous les moyens à notre disposition : remontées des situations dangereuses, soutien à l’exercice du droit de retrait en cas de danger grave et imminent, plaintes au pénal en cas de mise en danger avérée de la vie d’autrui selon les circonstances, droit de grève et droit de nous exprimer publiquement sur des questions qui, en définitive, concernent la santé et la vie des personnes !


SUD éducation aurait préféré que le pouvoir dominant suive les intentions communicationnelles du président de la république en termes « d’avant » et « d’après », et tire des leçons de la crise dite de la Covid-19. Mais, comme nous le présagions dans nos précédentes communications, il n’en est rien, bien sûr ! La logique capitaliste destructrice des conditions de vie des hommes, des femmes, et de la nature au profit d’une minorité s’applique encore pleinement.

Quelques décisions cosmétiques et l’ouverture du verrou des dépenses publiques pourraient faire penser le contraire. Mais plutôt qu’affecter ces financements à des investissements pour l’emploi durable et l’amélioration des conditions de vie, via notamment les services publics, le gouvernement a décidé de donner, comme à l’occasion de chaque « crise », et sans contreparties, des sommes d’argent phénoménales « aux entreprises », c’est-à-dire à leurs cadres dirigeant·e·s et à leurs éventuel·le·s actionnaires, selon le principe « plus c’est gros, plus ça palpe ».

Les conséquences sociales n’ont pas fini de se faire sentir. Les plus grosses entreprises (hormis celles du numérique qui ont déjà bien profité d’une absence de services publics dans ce secteur) annoncent des plans de licenciements massifs et beaucoup de petites entreprises vont mettre la clé sous la porte. Le nombre de chômeurs/ses croît de manière impressionnante et ce n’est pas la suspension de certaines des mesures agressives à leur encontre prévues par la réforme de l’assurance-chômage qui va améliorer leurs situations. Quant à la réforme des retraites (un autre exemple des mesures anti-sociales prises par les dirigeant·e·s actuel·le·s depuis leur accession au pouvoir), elle n’est que suspendue.

Les inégalités sociales et la précarité sont en passe de croître de manière encore plus flagrante qu’avant la crise sanitaire, comme nous le voyons tous les jours, notamment dans le monde de l’éducation.

Jusqu’à quand allons-nous payer ?

S’il n’y a pas de mouvement social d’ampleur, le transfert d’argent public vers le privé sera de nouveau payé par la majorité de la population au profit d’une minorité. Dans tous les secteurs, il faut reprendre le chemin de la lutte afin de défendre une bien meilleure répartition des richesses sociales et écologiques.

Réunissons-nous, discutons et agissons pour :

  • un statut du/de la salarié·e permettant une continuité des revenus, y compris pendant les périodes de non-activité ;
  • réduire le temps de travail à 32 heures hebdomadaires ;
  • revaloriser le Smic à 1700 euros nets ;
  • revaloriser les métiers qui ont montré leur absolue nécessité dans la crise sanitaire, et qui sont exercés majoritairement par des femmes ;
  • imposer l’égalité professionnelle entre femmes et hommes (salaires, carrières…) ;
  • créer un million d’emplois pour le climat ;
  • une politique de logement favorisant les salaires modestes, contre les ghettos urbains ;
  • une reconnaissance de l’importance des services publics, avec des embauches massives de titulaires dans les trois volets de la Fonction publique et des revalorisations salariales conséquentes ;
  • le droit aux études choisies et la fin de la précarité pour tou·te·s les étudiant-es.

D’ores et déjà organisons-nous pour mobiliser massivement, notamment pour la première journée d’action unitaire :

JEUDI 17 SEPTEMBRE
GRÈVES ET MANIFESTATIONS
POUR UN MONDE SOCIAL, FÉMINISTE, ÉCOLOGISTE

 Le tract de rentrée de SUD éducation Nord (27/08/20)
 Le tract de rentrée interprofessionnelle de SUD éducation Nord (27/08/20)
 Le 4-pages de l’Union syndicale Solidaires
Et aussi
 Santé des agent·e·s : Solidaires Fonction publique interpelle la ministre (1er/09/20)
 Protocole rémunération dans l’ESR : la LPPR n’est toujours ni amendable, ni négociable (31/08/20)
 Rentrée scolaire : l’impréparation se poursuit pour une rentrée explosive et anxiogène
 AESH et AED : deux réunions pour s’informer et défendre ses droits
 Nouvelle circulaire Fonction publique sur les mesures de protection (27/08/20)
 Conférence de presse de rentrée : le ministre toujours dans le déni, communiqué de la fédération SUD éducation (26/08/20)
 Les ASA les rendent zinzins, SUD département du Nord (28/08/20)
 Une rupture profonde s’impose, communiqué unitaire CGT-FSU-Solidaires-FIDL-MNL-Unef-MNL (27/08/20)