Une manifestation massive et la tentation de la répression

(actualisé le )

Cela faisait longtemps qu’on n’avait pas vu une manifestation aussi impressionnante à Lille. Certain·e·s évoquaient 1995, d’autres la loi Travail, d’autres n’en avaient jamais vu. En croisant les comptages et les comparaisons, on arrive à 20 000 à 25 000 personnes présentes à la manifestation régionale.

Cette journée de grève interprofessionnelle et de mobilisation unitaire a eu lieu à l’appel de la grande majorité des organisations syndicales, et de très nombreux secteurs professionnels se sont retrouvés pour revendiquer le retrait du projet de réforme de retraites Macron-Philippe-Delevoye et défendre un système de retraite par répartition. Le but du gouvernement est en effet de baisser le niveau des pensions (blocage à 14 % environ la part de richesse produite consacrée aux retraites et valeur du point fluctuante) et de nous pousser à un système individualiste par capitalisation (individualisation par le point et développement de diverses complémentaires capitalisées).

L’unité était au rendez-vous lors de la manifestation lilloise, avec de très nombreuses organisations et collectifs présent·e·s en nombre, et des manifestant·e·s qui exprimaient toutes et tous ensemble leur rejet de cette politique de confiscation des richesses et de tri social. Pour la retraite à 60 ans et le partage des richesses, et ne pas perdre sa vie à la gagner, des étudiant·e·s, des infirmier·e·s, des travailleurs/ses du social, des enseignant·e·s, des cheminot·e·s, des pompiers, des salarié·e·s de nombreux secteurs du privé dont c’était parfois l’une des premières manifestations.

Suivant le parcours initial déclaré auprès des autorités préfectorales, la marche a démarré à 14h30 porte de Paris dans la joie, la convivialité et la détermination face à cette énième agression sociale, après les réformes successives du Code du travail et de l’assurance-chômage.

Des brigades policières embusquées près du magasin Apple rue Faidherbe sont violemment intervenues après la mise en cause par des manifestant·e·s de la multinationale, car elle ne paye pas ses impôts à hauteur de ce qu’elle doit, ce qui a aussi des conséquences sur le financement d’une politique plus sociale : la police a blessé un pompier, et arrêté au moins une personne.

La manifestation s’est néanmoins poursuivie de façon paisible. Alors que des pompiers souhaitaient se rendre au commissariat en solidarité avec un collègue arrêté, la manifestation a été brutalement interrompue à hauteur du théâtre Sébastopol, par les forces de l’ordre qui l’ont bloquée à cet endroit, par des manœuvres agressives et un usage industriel de gaz lacrymogène. Il s’agissait visiblement d’utiliser un prétexte pour disperser les manifestant·e·s avant la fin ; elles et ils ont été indigné·e·s de se faire assaisonner de la sorte.

La riposte de quelques éléments de la marche, et la détermination des camarades pompiers qui étaient en première ligne, n’ont pas suffi à rétablir l’ordre et la poursuite de la manifestation. Cette interruption inexplicable et illégale de la manifestation n’était pas un hasard : parmi les personnes ayant réussi à atteindre la place de la république, les dernier-es arrivé-es ont été également étouffées par un nuage lourd de lacrymogène, sans raison aucune.

SUD éducation Nord dénonce cette nouvelle mise en cause du droit de manifestation par des forces de l’ordre qui deviennent des milices au service d’un pouvoir politique. Nous dénonçons cette tentative d’intimidation qui viole un droit constitutionnel, et les arrestations arbitraires. Nous appelons à poursuivre la lutte et à reconduire la grève !